Le jardin de ma grand-mère


Il se trouvait là, dans le fond du jardin chez ma grand-mère maternel, il était majestueux et produisait des fruits sublimes et délicieux…
Nous venions d’Allemagne passer les vacances de juin chez papie et mamie à Noyon mais ce que j’aimais le plus chez eux c’était de jouer dans leur jardin et c’était toute une aventure…
Pour y accéder il fallait quitter la maison et entrer dans la véranda…
Cette partie de la maison était entouré de fenêtres en verre et elles donnaient sur une cour intérieure gardée par « whisky » un chien qui vivait attaché à sa niche dont la laisse était suffisamment longue pour qu’il puisse attraper et mordre les intrus qui n’aurait pas été découragé par ses aboiements. Sur la gauche de sa niche et en face de la véranda se trouvait un bâtiment qui stockait un tas de bric à brac et dans son grenier se trouvait le pigeonnier. A droite de ce bâtiment s’en trouvait un autre sans porte avec un toit en tôle et dans lequel se trouvaient des tas de pots de peintures entamés.  A l’intérieur de cette véranda il y avait l’unique lavabo de la maison qui servait pour la toilette matinale et sur sa droite les toilettes. Quant aux toilettes il s’agissait d’une fosse septique,  il y faisait toujours froid c’était un endroit que l’on ne fréquentait pas par plaisir surtout en hiver. L’interrupteur contrôlant la lumière se trouvait dehors et la porte fermait avec un crochet que l’on pouvait ouvrir de l’extérieur à l’aide d’un tournevis ou d’une lame de couteau.
Sur le côté gauche de la véranda se trouvait une étagère en béton qui était mitoyenne de l’escalier qui menait à la cave et dont l’entrée se situait dans la cour intérieur. Il y avait un tas d’objets divers et inutiles sur ce muret mais qui pouvaient toujours servir selon mes grands-parents. Sur ce rebord se trouvait également quelques plantes vertes et le baromètre de ma grand-mère : une grenouille dans un bocal.
De ce fait pour accéder au jardin il fallait ouvrir une porte en fer coulissante qui réveillait « le monstre » qui tentait toujours de nous attraper.
Il fallait donc procéder par ruse pour y accéder tout d’abord ouvrir la porte en fer dont le bruit alertait Whisky  du passage de quelqu’un.
Il sortait de sa niche en tirant sur sa laisse aboyant et montrant les crocs méchamment, il fallait donc attendre qu’il se calme et qu’il détourne son attention une seconde  puis ensuite, en un  éclair, franchir l’étroit  passage qui séparait la cour intérieur de l’entrée du jardin.
Tout de suite après avoir passé whisky, deux autres monstres tout aussi effrayants sautaient et aboyaient dans leur niche de béton sertie de grillage rouillé et cela immédiatement lorsqu’on arrivait à hauteur de la tonnelle : il s’agissait de « Diane » une chienne  au pelage noire et « Pato » de couleur ocre-jaune,  deux chiens féroces auxquels il était impossible de faire une caresse sans qu’ils ne vous mordent. Le simple fait de passer à proximité de leur territoire vous glaçait le sang, on sentait leur haleine chaude vous arriver au visage tant ils se déchaînaient en aboyant.  Ils ne quittaient leur enclos que très rarement. Juste au-dessus d’eux se trouvait les dernières reines-claudes d’un prunier en train de mourir et qui pour notre malheur produisait ses plus beaux fruits juste ici !
La tonnelle se trouvait en face du passage dangereux de « whisky » juste séparée par une marche en pierre sculptée et une allée en terre noire.
Sous cette tonnelle se trouvait une table en bois blanche avec une nappe en toile cirée passée par le soleil, les intempéries et l’usure du temps. La tonnelle était composé d’une armature en ferraille recouverte de feuilles similaires à de la vigne.
En passant sur le côté gauche de l’allée on tombait sur une échelle en fer accolé à la maison qui donnait accès au grenier : un lieu que j’aimais fréquenter mais qui m’était interdit, je me suis fait gronder à de nombreuses reprises pour y avoir été joué. Il y avait à l’intérieur un autre monde composé des choses glanées depuis des générations. Il ne servait plus que d’abri pour les chats de ma grand-mère ainsi que de tous ceux du quartier qu’elle nourrissait également indifféremment des siens.
Le côté droit de l’allée donnait un accès direct à la basse-cour et sur la droite de la basse-cour se trouvait la grange à foin d’un côté de la place et de l’autre les cabinettes à lapins et celui du cochon d’Inde sensés les protéger  des maladies. C’était également par le portail en bois de cet endroit, donnant sur la rue de Landrimont, que mon père entrait  pour y mettre sa voiture à l’abri dans l’enceinte de la maison.
Sur le chemin de gauche, quelques centimètres après l’échelle en fer,  se trouvait la fenêtre de la cuisine,  sous cette fenêtre,  il y avait des iris jaunes dont l’espace était délimité par des silex. En faisant deux pas de plus dans l’allée on tombait sur la fenêtre de la salle à manger enfumée par un nuage de cigarettes qu’entretenait constamment mon grand-père.
A côté de la fenêtre se trouvait un petit hangar avec un toit de tôles rouges qui servait de débarra et de réserve à blé pour « les bêtes » comme disaient mes grands-parents.
A ce niveau il y avait un cerisier qui produisait des cerises amères et qui servaient à faire des bocaux de cerises à l’eau de vie. Ces conserves étaient sorties à Noël et lors des grandes occasions.
Tout en progressant encore, une palissade en tôle séparait le jardin des voisins,  ils tenaient un bar et étaient également les locataires de mes grands-parents.
Un pas plus loin, derrière la tonnelle,  se trouvait le potager avec carottes, navets, poireaux mais aussi le fameux prunier de reines-claudes dont les branches s’effondraient sous le poids de ses fruits. Tout le jardin était composé de petites parcelles délimitées par des tuiles octogonales formant des allées d’un mètre dans tout le jardin et dans lesquelles je circulais à vélo.
Toujours plus loin sur le chemin se trouvait la cabane à charbon de ma grand-mère c’était son cabanon car c’était toujours elle qui faisait le plein de charbon pour chauffer le fourneau et le poêle de la salle à manger.
Juste un peu plus loin se trouvait le garage de mon grand-père un endroit qui donnait accès à la rue passante, c’était également l’atelier de mécanique de mon papie.
Mais surtout le garage était le voisin d’un majestueux cerisier objet de mon désir et séparé du chemin par une barrière d’orties que ma grand-mère laissait pousser car elle en recherchait les piqûres. « C’est bon pour la circulation du sang. » disait-elle
Il était tellement grand qu’il fallait y accéder à l’aide d’une échelle en bois pour en atteindre la base du tronc, ses bras étaient épais, puissants et très longs avec d’innombrables branches secondaires couvertes de cerises.
Depuis le moment où j’ai été en âge de grimper aux arbres j’y ait passé dedans des journées entières à manger ses fruits.
Le restant du jardin était composé de fleurs, de quelques poiriers, de framboisiers, d’un pommier produisant des pommes acide et poussant dans la basse-cour.
Au fond de la basse-cour  il y avait un hangar à bois qui servait de combustible,  je n’allais jamais jouer dedans car il était gardé par le chef de la basse-cour : un coq redoutable que je défiais souvent mais dont je me méfiais,  il ne fallait jamais tourner le dos à ce sournois animal sinon il vous attaquait en traître. Derrière la basse-cour,  se trouvait les fraisiers, et au fond longeant le mur sous une verrière poussaient les tomates de mon papie car c’était lui qui s’en occupait.
Derrière  ce mur se trouvait un jardin en friche avec de hautes herbes ma grand-mère nous défendait d’y  aller à cause des serpents soit disant,  au fond de cet espace à l’abandon trônait pourtant un noyer magnifique. Mais les interdits attirent toujours, surtout qu’à l’entrée de cet endroit tabou se trouvait un framboisier produisant des framboises oranges.
 C’était un jardin extraordinaire pour toutes sortes d’aventures mais aussi le meilleur des terrains de jeux à lui seul on y était à la fois en ville et à la campagne. Il a étanché la soif de mon imagination débordante pendant de nombreuses années, bref : il se trouvait là !

Ludovic le An
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